Klaus Barbie : poupée de cire ou de son ?

Labo à encres
Textes poétiques et expérimentations, pour le plaisir de jouer avec les mots.
Par 
Matéo Parent
 & 
, le 
10/4/21

Une argumentation fallacieuse, orchestrée par un concours d'éloquence, sur le sujet : Klaus Barbie, poupée de cire ou de son ?

L’histoire est parfois facétieuse. Force est de constater que l’adage a raison: le hasard fait bien les choses.
Et le hasard, ici, c’est l’histoire de Barbie.


Avez-vous déjà entendu parler de Barbie? 


Ce n’est pas le genre de personne que l’on invite aux goûters d’anniversaire. Elle est plutôt celle qu’on caricature dans les mauvais film d’action; celle qui arrache les ongles du héros, sourire aux lèvres, avec un léger accent allemand.


« Celle », c’est « cette personne ». Car Barbie était un homme. Un officier SS dont la vie fut portée par 2 choses: l’amour du nazisme et la haine du reste. La traque des résistants lui était agréable; il les torturait de la même manière que l’on mange un bon plat: lentement, et avec plaisir. 

Il fut surnommé « le boucher de Lyon » suite aux véritables carnages dont il avait donné l’ordre. Avec lui, les otages sont exécutés à tour de bras, sans distinction; femme et enfants compris; les juifs déportés sans état d’âme. 


Barbie fait froid dans le dos, répugne, interroge, car c’est un concentré d’horreur. L’incarnation du Mal, du mauvais, du malsain, c’est le cas sur lequel se penchent les psychologues qui cherchent comment un cerveau aussi déréglé peut avoir vu le jour. 


Mais le hasard, disais-je précédemment, fait bien les choses. Car il n’y a pas plus belle vengeance que celle de l’ironie sur la violence. 

Le ridicule ne tue pas, mais il a au moins le mérite de compenser les gouffres béants ouverts par l’histoire de l’humanité. 


Car Barbie, dans l’imaginaire collectif, n’est plus le nazi sanguinaire que j’évoque depuis tout à l’heure. 

Barbie, aujourd’hui, coute 7 euros 50, est en plastique et destinée à vos enfants (contrairement au premier). C’est une charmante poupée que vos têtes blondes coiffent pour occuper leur mercredis après-midi. 


L’industrie du jouet a accompli un véritable miracle: en une dizaine d’année, elle a transformé un SS monstrueux en poupée. Le cauchemar s’est mu en rêve paisible dans l’inconscient collectif.


Le glissement de sens est formidable, avouez-le. Sa puissance est telle que plus personne ne pense à Klaus et son nom de famille quand son prononcées des phrases tel que:

« Julie, papa doit exceptionnellement aller au travail cet après-midi. Mais non tu n’es pas seule, regarde! Barbie est avec toi. »


Ou encore:

« Depuis des années, mon fils est fan de Barbie. Je ne sais pas ce qui lui arrive… »


Dans ces phrases, celui qui les prononce n’y voit pas une once d’ambiguïté. Pas de Mein Kampf à l’horizon, simplement l’insouciance d’une vie de famille calme à souhait. 


Cette homonymie devrait être érigée en symbole! Plus de camp de concentration dans nos esprits, plus de crimes de guerre! Mais un jouet, quelque chose de léger, de frivole; manié par des enfants, petits êtres humains complètement innocents!


Barbie est le symbole de la lente marche de l’histoire vers la paix. 


Mais malheureusement, il y aura toujours des rabats-joies pour prendre le problème à rebours et se plaindre de la perte d’innocence des enfants à qui l’on doit expliquer les abominations du IIIe Reich

Curieux désenchantement, en effet, dans les salle de classe du collège:

« Sortez vos cahiers, nous allons étudier Barbie. »

« La poupée? »

« Non, le nazi. »


Rude retour à la réalité pour ces élèves de 3e. 


Certes. Mais, à l’inverse, rien n’empêchera ces élèves de glousser stupidement à l’idée qu’un nazi puisse avoir un nom de famille qui évoque quelque chose d’aussi trivial qu’une poupée en plastique. 


Car au fond, l’homonymie est tout à fait inégale: quand on vous dit « Barbie », vous pensez à la poupée, pas à Hitler. 


Et au final, vous pensez à la paix, pas à la guerre.


Preuve en est que, dans une interview de 1965, France Gall déclare à une journaliste que la chanson « poupée de cire, poupée de son » parle aussi d’elle. Car elle a l’impression, dit-elle, qu’on la regarde « comme on regarderait une Barbie ».


Ceux qui ont lu cette interview ont-ils pensé à la Shoah et à la guerre? Non, ils y ont vu l’allusion à un jouet faite par une chanteuse niaise. Ils étaient insouciants car la guerre était loin d’eux. 


Le hasard fait bien les choses: il remplace des nazis par des poupées Barbie. 

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