Parlons des cons : gérons-les (2/2)

Encre de presse
Enquêtes et chroniques, pour mieux comprendre le monde qui nous entoure.
Par 
Matéo Parent
 & 
, le 
6/7/23

« Il faudrait construire des asiles de cons ! Mais vous imaginez un peu la taille des bâtiments… » Livrés à eux-mêmes et surtout aux autres, les cons ne sont pas gérés comme il se doit, explique bien le film Tais-toi ! dont est extraite la tirade. Quentin, personnage principal insupportable, est avant tout stupide. Pourtant, tous les cons ne sont pas débiles, c’est même plutôt l’inverse. Une personne à haut niveau de diplôme, ou de Q.I., deux clés sociales associées à l’intelligence, s’estimera plus facilement au-dessus des autres. Autrement dit, peut vite devenir con en estimant avoir raison. Pour éroder au mieux ce fléau vieux comme l’humanité, voilà trois pistes concrètes.

Calculer le coût conneresque

La connerie est provoquée par des maux sociaux qu’elle reflète en miroir : égoïsme, narcissisme et compétition. Robert Sutton, pionnier intellectuel, a étudié la question avec un pragmatisme tout américain. Les « connards » (« assholes »), dit-il, la jouent perso et sapent souvent les dynamiques de groupe, quand ce n’est pas carrément des harceleurs. Pour les entreprises qui les embauchent, cela a un coût : arrêts maladie, services juridiques, démotivation du personnel… Le « coût total des connard » agrégé est estimé aux Etats-Unis à 24 Milliards de Dollars. C’est peu ou prou le budget de l’enseignement supérieur français

Pour réduire ce coût, des mesures existent. Netflix, par exemple, se targue de ne pas recruter de « cons brillants » (« brillants jerks »), qui mettraient à mal la cohésion des équipes. Au niveau R.H. plus globalement, il s’agirait de chercher à motiver les employés sans les monter les uns contre les autres, minimiser les postes de « petits chefs », diminuer le poids de la hiérarchie.

Gérer le con en soi

Dans un moment d’absence (« j’ai été con ! »), par manque de sommeil ou sous la pression extérieure, la connerie guette chacun·e d’entre nous. Selon les expert·es comme Camille Morvan, la solution est une posture : faire un pas de côté. Notre con intérieur surgit quand on campe si bien sur nos appuis qu’on finit par se juger supérieur·e.

Écouter avant de parler, en somme. Ça ressemble à un conseil de développement personnel à deux balles, mais cette philosophie de vie permet de conserver une bonne hygiène conneresque. Il faudrait se poser ces questions à chaque conflit : j’ai la sensation que je suis dans mon bon droit, mais suis-je légitime, est-ce du à un rôle que je joue ?

Créer une politique de la connerie

Le climat social, c’est comme le climat tout court : les « petits gestes du quotidien » ne suffisent pas, il faut des politiques publiques. La Grèce antique, par exemple, avait une manière bien à elle de gérer les cons. Les congénères de Platon parlaient plutôt de « tyran » (« maître absolu » en grec ancien), et géraient sa soif de pouvoir et d’égoïsme par un bannissement de la ville. Si suffisamment de personnes votaient pour son exil, l’heureux élu se voyait éjecté pendant plusieurs années. Une pratique qu’on pourrait remettre au goût du jour. 

Je propose d’aller un cran plus loin et d’intégrer la gestion des cons dans nos politiques nationales. On passerait d’abord par une prise en compte du problème. Générer des statistiques, monter des cursus universitaires. Lançons par exemple un « Conseil de la Connerie ». Je veux l’imaginer très sérieux, avec des premiers de la classe qui sortiraient des graphiques complexes sur les cons, et le mot familier ferait gausser les journalistes en conf’ de presse. Et puis, bien sûr, je soutiens la création d’un ministère de la connerie. Bon, peut-être pas au même rang que l’Économie ou l’Intérieur, disons un Secrétaire d’État, un secrétairounet, avec un budget tout de même, quelques millions d’euros pour faire des campagnes de com’. Provoquer le débat, piquer les journalistes, remuer Pascal Praud.

Alors, peut-être, on peut se prendre à rêver d’un monde où la connerie est gérée voire soignée, où les cons ne sont plus légion et où les connards peuvent faire pénitence.

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